16 octobre 2024 in Orientation au XXIème siècle

S’orienter après le bac : les conseils d’une experte de l’éducation au 21ème siècle

Les conseils d'une experte pour l'aide à l'orientation des jeunes post bac

Forte d’une longue carrière dans l’enseignement supérieur et la recherche, Catherine Saracco, experte de l’éducation au 21ème siècle, accompagne les jeunes de 16 à 25 ans dans la construction de leur parcours d’études en France et à l’étranger.

Grâce à son expertise éprouvée, son parcours multiculturel, sa connaissance pointue du paysage de l’enseignement supérieur en France comme à l’international, Catherine Saracco propose un accompagnement à l’orientation unique en son genre. L’objectif : aider l’élève à donner vie à ses aspirations profondes, tout en co-construisant avec lui un parcours pertinent, en phase avec un marché de l’emploi en pleine mutation.

Elle nous éclaire sur les grands défis liés à l’orientation des jeunes aujourd’hui et nous en dit plus sur son accompagnement.

Lepetitjournal.com – Parlez-nous un peu de votre parcours et de votre activité de conseil.

Catherine Saracco – J’ai un parcours académique international. J’ai d’abord effectué un doctorat franco-allemand en sciences des médias à l’Université du Bauhaus de Weimar tout en enseignant et en créant le premier double diplôme franco-allemand en sciences des médias.
La culture académique allemande a été très formatrice dans mon parcours : j’y ai puisé beaucoup de stimulation intellectuelle, un enseignement de haut niveau tiré par la recherche et enfin une formation aux outils et méthodes pédagogiques inspirés du Bauhaus, à savoir la pluridisciplinarité, l’efficacité et la créativité. Ces principes m’ont toujours guidée et constituent l’ADN de mon approche et de ma pratique professionnelle.

J’ai ensuite exercé pendant 25 ans dans l’enseignement supérieur au sein de grandes écoles en France avant de rejoindre une organisation internationale, le British Council à Paris en tant que directrice Education où j’ai piloté des programmes de coopération franco-britannique dans l’enseignement supérieur et la recherche.

Forte de ce parcours franco-germano-britannique dans l’enseignement supérieur et passionnée par les politiques éducatives du 21ème siècle, j’ai créé, en 2017, mon activité de conseil, www.catherinesaracco.com, avec une double expertise :

  • Du conseil en stratégie dans l’enseignement supérieur et la recherche où j’interviens auprès d’acteurs engagés dans des politiques de transformation éducative (décideurs de l’enseignement supérieur, organisations internationales, think tank…)
  • Du conseil en orientation à destination des jeunes entre 16 et 25 ans que j’accompagne dans la formalisation de leurs parcours d’études en France et à l’international.

Quels sont les grands défis de l’orientation au 21ème siècle ?

Avant de parler des défis de l’orientation, il est important de souligner que le marché de l’emploi est aujourd’hui travaillé par trois grandes transformations. Digitale d’abord, avec le raz de marée de l’intelligence artificielle, qui redessine tous les secteurs d’activité, qu’il s’agisse des cols bleus ou des cols blancs.
Ensuite, une mutation industrielle, marquée par l’automatisation et l’intégration de technologies avancées, avec son cortège de nouveaux métiers, notamment dans l’ingénierie industrielle 4.0.. Enfin, la révolution environnementale qui impose des pratiques plus durables et éco-responsables.
Face à la crise climatique, on observe chez les jeunes un phénomène très intéressant : un engouement pour des carrières dans le développement durable, avec une palette de métiers allant du droit à l’environnement à la gestion des ressources naturelles en passant par l’ingénierie verte ou encore l’agroécologie. L’intérêt croissant que suscite l’agroécologie montre que certains jeunes aspirent aussi à exercer leurs talents en dehors des multinationales dans un souci d’engagement sociétal voire d’activisme revendiqué.

Ce qui est certain, c’est que l’ensemble de ces transformations modifie radicalement la catégorisation et les besoins en compétences tout en soulevant des défis considérables pour l’orientation de nos jeunes.

Très concrètement, la génération Z (celle née entre 1997 et 2013) se retrouve face à une triple équation. En amont, une offre de formation pléthorique qui s’apparente à un véritable maquis avec une palette d’établissements d’enseignement supérieur très hétérogène en terme de qualité, de coût et de retour sur investissement. En aval, une redéfinition des métiers qui complexifie les choix d’orientation des jeunes et les laisse souvent démunis. S’ajoute à cela, un facteur distinctif de la génération Z, à savoir son profil de « slasheurs » qui choisira d’exercer plusieurs métiers. Pour cette génération, les aspirations professionnelles s’entrelacent avec des passions et des objectifs personnels, remettant ainsi en question la linéarité des parcours professionnels tels que nous les avons connus ces 30 dernières années.

Dans ce contexte de mutation sans précédent dans le champ de l’orientation, mon rôle est d’aider les jeunes à mieux appréhender ces grandes transformations, de travailler (entre autres) ce que j’appelle le « maillage disciplinaire », de façon à co-construire avec eux un plan d’action cohérent pour un parcours d’études le mieux calibré possible, leur donnant accès à des métiers d’avenir, porteurs de sens et leur garantissant des passerelles.

Quelles sont les principales transformations qui affectent le paysage de l’éducation et de l’enseignement supérieur au 21ème siècle ?

Je vois plusieurs transformations majeures de l’éducation au 21ème siècle qui, par ricochet, impactent les choix d’orientation des jeunes :

  • Une évolution du répertoire des compétences : nous voyons émerger trois grandes catégories de compétences : celles de la tête (la pensée critique, l’adaptabilité, la créativité en appui des « hard skills » qui demeurent essentielles…) ; celles du cœur liées aux relations interpersonnelles et émotionnelles (les « soft skills ») ; et celles liées au corps (qui se manifestent par l’intérêt croissant de nos jeunes pour les professions manuelles et artistiques).
    Ces trois catégories de compétences seront essentielles dans un monde de plus en plus volatile, incertain, complexe et ambigu (de l’acronyme anglais VUCA) qui nécessitera de la polyvalence, des capacités d’adaptation, de l’intelligence émotionnelle et collaborative ainsi qu’une aptitude à anticiper et à analyser des phénomènes d’accélération sociétale et technologique de plus en plus prononcés.

90 % des métiers de 2030 n’existent pas encore, ce qui rend indispensable un accompagnement à l’orientation incarné et approfondi afin que les jeunes identifient mieux leurs aspirations, valeurs et disciplines de choix conduisant à des métiers d’avenir, porteurs de sens. Ce travail engage l’humain et ne peut être délégué à un algorithme, si puissant soit-il. »

90 % des métiers de 2030 n’existent pas encore, ce qui rend indispensable un accompagnement à l’orientation incarné et approfondi afin que les jeunes identifient mieux leurs aspirations, valeurs et disciplines de choix conduisant à des métiers d’avenir, porteurs de sens. Ce travail engage l’humain et ne peut être délégué à un algorithme, si puissant soit-il. »

  • Un changement de paradigme éducatif : depuis trois décennies, l’enseignement supérieur s’est construit sur un cycle d’études en 3/ 5/8, avec le Bachelor, le Master et le PhD. Aujourd’hui, une évolution culturelle est en cours où l’éducation devient une ressource tout au long de la vie et de moins en moins un bloc monolithique du bac au bac+5. Les jeunes apprennent et réapprendront tout au long de leur vie et par différents canaux, physiques ou numériques, après et avant avoir travaillé et même en travaillant. Ce faisant, de nouveaux comportements éducatifs émergent, valorisant des formats plus courts, flexibles et modulaires, sans doute un effet direct de la pandémie et de l’apprentissage en ligne qui a été massif.
    Les plateformes Edtechs et les GAFAMS l’ont d’ailleurs déjà bien compris et anticipé en développant un marché de la micro-certification afin de répondre à des métiers en constante évolution et au renouvellement des compétences. On en est encore aux balbutiements mais on voit bien que les diplômes universitaires traditionnels entrent de plus en plus en concurrence avec des modalités d’apprentissage numériques, plus courtes, souvent moins onéreuses, ce qui n’est pas sans poser un certain nombre de questions..

Les jeunes apprennent et réapprendront tout au long de leur vie et par différents canaux, physiques ou numériques, après et avant avoir travaillé et même en travaillant (…) Nous nous dirigeons vers une éducation de plus en plus modulaire, fragmentée et hybride, avec des formats éducatifs adaptés à de nouveaux profils d’apprenants et aux besoins des métiers du futur. Cela ouvre la voie à une évolution culturelle majeure. »

Les jeunes apprennent et réapprendront tout au long de leur vie et par différents canaux, physiques ou numériques, après et avant avoir travaillé et même en travaillant (…) Nous nous dirigeons vers une éducation de plus en plus modulaire, fragmentée et hybride, avec des formats éducatifs adaptés à de nouveaux profils d’apprenants et aux besoins des métiers du futur. Cela ouvre la voie à une évolution culturelle majeure. »

  • L’essor des IA génératives dans l’enseignement supérieur et ses incidences : depuis ChatGPT, l’enseignement supérieur va au-devant de défis importants. La formation des étudiants à la littératie numérique sera primordiale et les programmes d’acculturation à l’IA dans les cursus vont se généraliser. Seule une utilisation critique, éthique et raisonnée de l’IA sera un gage de valeur ajoutée pour l’éducation de demain. Aujourd’hui, certaines grandes écoles initient les étudiants à l’ingénierie de requêtes pour qu’ils soient à même de faire de bons prompts avec des outils d’IA pour optimiser leurs apprentissages.
    Mais comme les IA génératives reposent uniquement sur des corrélations statistiques et dévoilent aucune méthodologie, on voit bien que l’intelligence humaine demeurera essentielle d’où les compétences en analyse critique, en résolution de problèmes complexes et en éthique numérique qu’il faudra continuer à nourrir chez les jeunes.
    Ce qui est certain, c’est qu’à l’heure de l’IA, il va falloir réévaluer les parcours académiques, les contenus pédagogiques et les méthodes d’évaluation, ce qui amène à repenser les modèles traditionnels d’enseignement. Une vraie gageure pour la décennie à venir !

Comment se déroule votre accompagnement à l’orientation ?

Je propose deux formules d’accompagnement pour les jeunes de 16 à 25 ans :

  • Un accompagnement à l’orientation pour des études France, qui inclut un coaching d’orientation de 2 heures, visant à formaliser le projet d’orientation. À l’issue du coaching, je transmets aux familles mes recommandations de programmes d’études.
  • Un accompagnement à l’orientation pour des études à l’étranger, qui inclut non seulement le coaching d’orientation, mais aussi un accompagnement dans toutes les démarches de candidature : identification des établissements et des cursus, montage et suivi des dossiers de candidature… J’accompagne le candidat de bout en bout, jusqu’à son admission dans une université étrangère.

Depuis le lancement de mon activité, j’ai aidé plus de 70 jeunes à intégrer des universités de renom à l’international reconnues pour leur excellence académique, telles que : Imperial College London, University of Cambridge, London School of Economics and Political Science (LSE), Université Louis-et-Maximilien de Munich (LMU), Université de Heidelberg, University of St. Gallen, ETH Zurich, Delft University, Mc Gill, HEC Montréal..

En outre, je rédige régulièrement des articles traitant des grandes tendances structurantes de l’enseignement supérieur. Ces ressources offrent aux parents un outil de fact-checking et un éclairage sur les principales évolutions éducatives.

Comment se démarque votre accompagnement à l’orientation ?

Ma spécificité réside avant tout dans ma pratique et connaissance des enjeux et des politiques éducatives du 21ème siècle. Grâce à mon parcours franco-germano-britannique, j’ai acquis une solide maîtrise des systèmes éducatifs des pays anglophones et germanophones, incluant les pays d’Europe du Nord. Cette expertise me permet d’accompagner les élèves avec une vision résolument interculturelle.

Par ailleurs, mon accompagnement sur mesure est guidé par plusieurs valeurs fondamentales : une vision extérieure bienveillante et qualifiée de l’enseignement supérieur, la mobilisation d’outils d’orientation adaptée à la singularité de chaque jeune et un regard pluridisciplinaire, en phase avec l’évolution des programmes de formation et des approches pédagogiques.

J’aime à me définir comme une maïeuticienne de l’orientation. Mon rôle est d'aider les jeunes à découvrir et à formaliser leurs aspirations profondes. À travers une exploration de leurs passions, talents et disciplines de choix, je les guide pour qu'ils puissent révéler leur singularité et tracer ensuite leur propre chemin vers la réussite. Ensemble, nous bâtissons les fondations de leur épanouissement personnel et professionnel. »

Les universités de recherche se distinguent des Edtechs et des grandes entreprises par leur engagement envers une formation intellectuelle approfondie et des expériences d'apprentissage holistiques et transformationnelles. À l’inverse, le discours des GAFAM et des entreprises Edtech suggère que ce marché de la micro-certification suffit pour une montée en compétences rapide, une éducation financièrement abordable, et une flexibilité accrue dans le choix, le lieu et le rythme d’apprentissage. »

Quels sont les avantages d’un parcours académique international sur le marché du travail actuel ?

L’international apporte indéniablement une valeur ajoutée et constitue un atout majeur dans le parcours d’un étudiant. Cette expérience permet en effet d’acquérir de précieuses compétences interculturelles et d’explorer des approches pédagogiques différentes.

Sur le marché du travail, les employeurs vont souvent privilégier les candidats ayant étudié à l’étranger. Ces derniers sont en effet mieux armés face à un environnement global en constante évolution, où des soft skills comme l’adaptabilité sont prédominantes.

Partir à l’étranger après le bac peut être une bonne option pour les lycéens qui se sentent prêts sur le plan intellectuel, mais aussi émotionnel. Sinon, il existe plusieurs alternatives que je recommande souvent aux familles. Il est par exemple possible de suivre un premier cycle en France puis de partir à l’étranger dans un second temps, à travers un programme Erasmus+ ou un double diplôme, par exemple.

Tout au long de mon accompagnement à l’orientation, je m’efforce de bien cerner la personnalité et les besoins du jeune, afin de lui prodiguer des conseils adaptés et de l’accompagner avec justesse dans la construction de son parcours académique à l’international.

Source : Article du Le Petit Journal.com
Retrouver l’article original ici : lepetitjournal.com



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