English ist ein Muss aber DEUTSCH bleibt ein PLUS !
Combien de fois ai-je entendu (et secrètement déploré) que la langue allemande était tout sauf mélodieuse, voire laide en plus d’être difficile à apprendre. Ces considérations esthétiques ont la vie dure et la langue de Goethe continue de cristalliser toutes sortes de clichés. Comme beaucoup d’élèves au début des années 80, j’ai eu cette chance considérable de choisir l’allemand en LV1, à une époque où le choix de cette langue était considéré comme élitiste avec la promesse d’être dans les meilleures classes. Pour moi, cette langue fut un véritable coup foudre et, à l’instar du célèbre traducteur Georges-Arthur Goldschmidt, je « tombais dans la langue » allemande comme on tombe amoureux. Dès le plus jeune âge, elle devint ma deuxième langue maternelle.
Expérience similaire pour John Le Carré, romancier britannique à succès et ancien enseignant d’allemand ayant occupé plusieurs postes diplomatiques en Allemagne. L’auteur parle de sa rencontre quasi sensuelle avec cette langue : elle « convenait à sa langue » et « plaisait à son oreille » et à rebours de la rugosité dont elle continue d’être injustement affublée, la langue allemande déployait chez lui tout l’arc-en-ciel de sa richesse littéraire et artistique sans compter ce qu’elle charrie d’exploits culturels et scientifiques. »
Expérience similaire pour John Le Carré, romancier britannique à succès et ancien enseignant d’allemand ayant occupé plusieurs postes diplomatiques en Allemagne. L’auteur parle de sa rencontre quasi sensuelle avec cette langue : elle « convenait à sa langue » et « plaisait à son oreille » et à rebours de la rugosité dont elle continue d’être injustement affublée, la langue allemande déployait chez lui tout l’arc-en-ciel de sa richesse littéraire et artistique sans compter ce qu’elle charrie d’exploits culturels et scientifiques. »
Aujourd’hui, en 2024, il semble vain de contrecarrer les préjugés sur la langue allemande, qui, pour tous ceux qui la pratiquent, la connaissent en profondeur et en admirent la culture, reflètent bien souvent une ignorance crasse. Certes, il est regrettable que l’apprentissage de l’allemand perde du terrain à l’école avec des chiffres en forte chute faisant état d’une division par 4 d’élèves faisant le choix de l’allemand en LV1 sur une période de 30 ans. En 2024, ils seraient 130.000 élèves à apprendre cette langue en LV1 alors qu’ils étaient 600.000 en 1994, déplore l’Association pour le développement de l’allemand en France (Adeaf).
Ce désamour des élèves va de pair avec la désaffection, tout aussi inquiétante, des futurs enseignants pour le Capes d’allemand (en 2023, 58 % des postes au Capes d’allemand n’ont pas été pourvus) et un manque d’investissement patent (beaucoup de classes de 6e bilangues ont été fermées avec la réforme du collège de 2015). »
Ce désamour des élèves va de pair avec la désaffection, tout aussi inquiétante, des futurs enseignants pour le Capes d’allemand (en 2023, 58 % des postes au Capes d’allemand n’ont pas été pourvus) et un manque d’investissement patent (beaucoup de classes de 6e bilangues ont été fermées avec la réforme du collège de 2015). »
Enfin, l’annonce, fin 2023 de la fermeture de trois antennes du Goethe Institut en France (Lille ; Strasbourg ; Bordeaux) aura grandement écorné la relation franco-allemande qui donne un peu le sentiment d’être en « coma artificiel » ces dernières années.
Mais plutôt que de se complaire dans un certain pathos du « couple franco-allemand », le temps n’est-il pas venu de faire évoluer le narratif autour de la coopération franco-allemande ? N’aurions-nous pas intérêt à sortir d’une vision un peu fétichisée du « couple franco-allemand » qui prévaut depuis le Traité de l’Elysée de 1963 ? »
Mais plutôt que de se complaire dans un certain pathos du « couple franco-allemand », le temps n’est-il pas venu de faire évoluer le narratif autour de la coopération franco-allemande ? N’aurions-nous pas intérêt à sortir d’une vision un peu fétichisée du « couple franco-allemand » qui prévaut depuis le Traité de l’Elysée de 1963 ? »
Comme le diplomate Gérard Araud l’a exprimé dans plusieurs tribunes, la lune de miel franco-allemande a eu sa justification pendant 40 ans car il s’agissait d’œuvrer pour la paix et de parvenir à une réconciliation durable entre anciens ennemis. L’image du général de Gaulle et d’Adenauer dans la cathédrale de Reims ou de Mitterrand et de Kohl à Verdun symbolisait cette volonté d’exorciser le souvenir de trois guerres en soixante-dix ans.
Certes, le retour de la guerre sur le sol européen en Ukraine plaide pour la réaffirmation de la prévalence du couple franco-allemande pour la défense de la paix mais il semblerait que nous nous heurtions à des discours incantatoires qui ne portent plus vraiment.
La nouvelle donne géopolitique a déplacé une partie du terrain de jeu du « soft power » allemand vers l’Est : désormais, l’Allemagne ouvre des antennes du Goethe Institut en Moldavie et dans le Caucase ; la résurgence du Triangle de Weimar octroyant à la Pologne une place de choix marque un tournant décisif dans le redéploiement de la coopération franco-allemande dans lequel le « moteur franco-allemand » de l'UE n’est plus une évidence. »
La nouvelle donne géopolitique a déplacé une partie du terrain de jeu du « soft power » allemand vers l’Est : désormais, l’Allemagne ouvre des antennes du Goethe Institut en Moldavie et dans le Caucase ; la résurgence du Triangle de Weimar octroyant à la Pologne une place de choix marque un tournant décisif dans le redéploiement de la coopération franco-allemande dans lequel le « moteur franco-allemand » de l'UE n’est plus une évidence. »
Que ce soit la politique énergétique et les dissentions sur la défense de l’énergie nucléaire, les approches non alignées sur la question de souveraineté européenne ou celles liés à la gestion des déficits publics, la relation franco-allemande donne le sentiment de ne plus être une évidence malgré le « mantra politico-médiatique » dont elle continue de faire l’objet.
Indépendamment de ces considérations géopolitiques, l’Allemagne demeure le premier partenaire économique de la France et le lien économique qui unit la France et l’Allemagne reste fort et durable. L’Allemagne maintient sa place de 1er investisseur étranger en France avec près de 300 projets et 8 000 emplois créés ou maintenus. La présence des entreprises allemandes en France est importante avec plus de 3 000 filiales présentes sur le territoire, filiales qui emploient près de 325 000 salariés. Certes, le retour de la guerre sur le sol européen en Ukraine plaide pour la réaffirmation de la prévalence du couple franco-allemande pour la défense de la paix mais il semblerait que nous nous heurtions à des discours incantatoires qui ne portent plus vraiment.
C’est la raison pour laquelle, l’apprentissage de l’allemand continue de revêtir un intérêt stratégique pour les jeunes et sans doute que le blason de cette langue sera redoré dès lors qu’on valorisera un narratif offensif valorisant l’employabilité des profils franco-allemands sur des emplois hautement qualifiés.
En effet, à l’heure des transitions environnementales, industrielles et digitales, des opportunités professionnelles dans les entreprises allemandes en France ou en Allemagne sont légions.
Avec plus de 3000 filiales allemandes présentes en France et employant près de 325 000 salariés, la maîtrise de l'allemand devient un atout stratégique majeur et les cadres dirigeants de PME ou de grands groupes sont en recherche constante de profils bilingues dans l'industrie, la technologie, l'ingénierie et la recherche. »
Avec plus de 3000 filiales allemandes présentes en France et employant près de 325 000 salariés, la maîtrise de l'allemand devient un atout stratégique majeur et les cadres dirigeants de PME ou de grands groupes sont en recherche constante de profils bilingues dans l'industrie, la technologie, l'ingénierie et la recherche. »
A l’échelle de la région Grand Est qui partage 750 km de frontière avec quatre pays frontaliers (Suisse ; Wallonie, Sarre et Luxembourg) ainsi que dans le Bade-Wurtemberg, l’épicentre allemand de l’industrie allemande, les entreprises recherchent des profils qualifiés dans les domaines des travaux publics, des matériaux de construction, de l’équipement médical, de la métrologie ou encore de la chimie-pharmacie. Avec l’essor de l’IA, de nombreux projets transnationaux voient le jour, impliquant de grands groupes français et allemands à la recherche de talents internationaux.
Il faut donc continuer à marteler que la connaissance de la langue et de la culture allemandes sont indéniablement un avantage compétitif pour les jeunes sur le marché du travail. »
Il faut donc continuer à marteler que la connaissance de la langue et de la culture allemandes sont indéniablement un avantage compétitif pour les jeunes sur le marché du travail. »
La connaissance de la double culture et la maîtrise des compétence interculturelles sont, pour certains recruteurs, un critère souvent plus important que les compétences techniques. De nombreuses entreprises ou structures binationales qui recrutaient jusqu’alors des dirigeants français « pur jus » rechercheront, pour leur succéder, un candidat bilingue, que son parcours professionnel a déjà immergé dans la culture germanique.
A l’évidence, prestige et rareté restent associés aux profils franco-allemands qui ont encore un bel avenir devant eux !