25 mars 2024 in Métiers du futur

Les professions juridiques à l’ère de l’intelligence artificielle : défis et opportunités

Les professions juridiques à l'ère de l'intelligence artificielle : défis et opportunités

Tout comme les médias, les services financiers, les métiers de la traduction, de l’architecture et bien d’autres secteurs encore, les métiers juridiques sont métamorphosés par les outils d’IA générative.

Une enquête internationales de 2023 de LexisNexis révèle que 77% des professionnels du droit en France estiment que les outils d’IA générative renforceront leur efficacité bien que 85% d’entre eux expriment des préoccupations éthiques quant à l'impact transformateur de l'IA générative sur leur pratique. »

Une enquête internationales de 2023 de LexisNexis révèle que 77% des professionnels du droit en France estiment que les outils d’IA générative renforceront leur efficacité bien que 85% d’entre eux expriment des préoccupations éthiques quant à l'impact transformateur de l'IA générative sur leur pratique. »

Tout d’abord, on observe depuis quelques années que l’IA générative améliore l’accès au droit et à la justice en facilitant la communication entre avocats et clients. Des chatbots peuvent répondre aux questions de base et orienter les utilisateurs vers les professionnels adaptés. Ces outils permettent également aux avocats de tenir leurs clients informés des développements de leurs affaires et d’expliquer rapidement des décisions juridiques complexes. Toutefois, un contrôle humain reste essentiel pour garantir la pertinence et la confidentialité des réponses fournies par l’IA.

Mais l’IA générative ne se limite pas aux chatbots. On sait qu’elle est d’ores et déjà mobilisée par les avocats pour identifier des lois et des décisions pertinentes parmi des pages de règlements. En moulinant dans des bases de données de jurisprudence, les IA génératives examinent en un temps record des preuves afin d’anticiper le résultat d’un contentieux ou d’évaluer le montant d’éventuelles indemnités. »

Mais l’IA générative ne se limite pas aux chatbots. On sait qu’elle est d’ores et déjà mobilisée par les avocats pour identifier des lois et des décisions pertinentes parmi des pages de règlements. En moulinant dans des bases de données de jurisprudence, les IA génératives examinent en un temps record des preuves afin d’anticiper le résultat d’un contentieux ou d’évaluer le montant d’éventuelles indemnités. »

L’analyse prédictive est un domaine dans lequel l’IA générative excelle et celle-ci permet aux avocats de prendre plus facilement des décisions fondées sur des données. Cependant cette évolution confronte les professions juridiques à des défis éthiques et technologiques majeurs, au premier rang desquels la confidentialité et la sécurisation des données des clients. Les avocats devront être transparents avec leurs clients quant aux décisions qu’ils prennent avec l’aide de l’IA. En outre, ce type d’analyse prédictive nécessite d’énormes volumes de données, et il est essentiel que ces données soient exactes et exemptes de biais. Des erreurs même minimales de la part des outils d’IA pourraient avoir de graves conséquences sur des décisions de justice. Même si les solutions d’IA privées pour la gestion et la sécurisation des données sensibles par les professionnels du droit se généralisent de plus en plus, les préoccupations éthiques continuent d’alimenter le débat.

Ceci étant dit, qu’advient-il du rôle de l’avocat, une fois celui-ci libéré des tâches routinières désormais automatisées ? Même si l’IA générative modifie sa pratique, ce dernier conservera un rôle majeur dans la rédaction, la législation, l’interprétation et l’argumentation du droit qui seront toujours un élément essentiel du processus juridique. Ce qui sera significatif dans la transition annoncée, c’est la place grandissante accordée à l’humain grâce au temps gagné désormais mis au service des clients et aux dossiers stratégiques, ce que l’IA ne pourra pas remplacer. Par ailleurs, en consacrant moins de temps aux tâches routinières, les avocats pourront se concentrer davantage sur la formation et l’amélioration de leurs compétences technologiques afin d’être à jour sur la maîtrise des réglementations sur l’utilisation des données et de l’IA.

Cependant même si, en droit civil, la justice prédictive suscite un intérêt grandissant parmi les juristes en raison de son potentiel à réduire les contentieux et à améliorer l'efficacité judiciaire, elle appelle aussi beaucoup de réserves, en particulier en droit pénal dont les enjeux éthiques sont très spécifiques. »

Cependant même si, en droit civil, la justice prédictive suscite un intérêt grandissant parmi les juristes en raison de son potentiel à réduire les contentieux et à améliorer l'efficacité judiciaire, elle appelle aussi beaucoup de réserves, en particulier en droit pénal dont les enjeux éthiques sont très spécifiques. »

La CNIL et d’autres critiques mettent en garde contre une forme de déshumanisation de la justice. En effet, le droit pénal repose sur la preuve de culpabilité et le libre arbitre, alors que la justice prédictive utilise des données pour anticiper des comportements futurs. A ce stade, la justice pénale prédictive reste difficile à définir et à appliquer. Aux États-Unis, des outils comme PREDPOL sont utilisés pour prédire la récidive et les crimes, mais leur efficacité et leurs conséquences sociales sont débattues. On sait que la qualité des algorithmes et des données sont cruciales, mais en droit pénal, la base de données est limitée, et les décisions pénales souvent peu accessibles. En somme, la justice pénale prédictive pose des défis en termes de précision, d’équité et de respect des principes fondamentaux. Cette situation n’est pas sans évoquer des scénarios dystopiques à l’instar du film « Minority Report » de Steven Spielberg, où la société du futur est imaginée comme ayant éradiqué le meurtre en se dotant d’un système de prévention destiné à capter les signes précurseurs des violences en arrêtant les « précoupables ».

Souhaitons-nous vraiment une telle justice prédictive qui ferait fi des questions éthiques sur le libre arbitre et la présomption d'innocence ? »

Catherine SARACCO

Souhaitons-nous vraiment une telle justice prédictive qui ferait fi des questions éthiques sur le libre arbitre et la présomption d'innocence ? »

Catherine SARACCO



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